Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
D I A L O G I S M E.

Nourry du laic‍t d’vne horrible Furie,
Qu’vn Pape au col des Valois attacha
Et dans le ſein de nos Roys la cacha,
Pour y nourrir la flammeche allumee,
Dont France vn iour fuſ‍t toute conſumee,
Cauſe de maux, ſemence de malheurs !
Pol. Ce voile ainſi bigarré de couleurs,
Et ceſ‍t habit de pourpre figuree,
De bleu, de verd, de rouge coulouree,
Monſ‍tre-il pas, à qui le verra tel,
Que tu n’es pas d’vn ſimple naturel ?
Pa. Auſsi ne ſuis-ie : ains ſuis-ie toute telle
Que l'eſprit faux & cauteleux de celle,
Qui là tiſ‍ſu d’vn ouurage diuers,
De traiſ‍tres ieux & de ſemblants couuerts.
Pol. Et ces cheueux que tu vas nonchallante
Portant eſpars, ainſi qu’vne Bacchante ?
Pa. Ce font les Rets, où ſous ombre de Foy,
Et de repos, ceux qui vienent à moy
A moy ſont pris, lors qu’ils me penſent prendre,
Et dans mes las ne faillent à ſe rendre
Ceux-la dont Mars n’a dompte la Vertu.
Pol. Quel eſcuſ‍ſon, Valoiſe, portes-tu ?
Où trois Crapaux dedans le champ ſe trainent
Pa. Les trois Crapaux, ainſi que nos gens tienent,
Furent iadis les armes des vieux Roys :
Mais lors que France heureuſe prit les loix
De Ieſus Chriſ‍t, les armes ſe changerent,
Et les beaux Lis les Crapaux effacerent :
Iuſqu’a ce temps, que nos Roys ont quitté
(Ah mal-heureux !) la vraye Chreſ‍tiente :

lntro-