Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
D I A L O G V EI I.

ne, & la nature de la vraye magnanimité, compagne honorable des grands, qui ne ſe monſ‍tre iamais mieux, qu’alors qu’on deffend en toute iuſ‍tice, les foibles, & oppreſ‍ſez & ſes alliez, des brigands, & volleurs : Trouuant ſa maieſ‍té auſsi froide, & gelee à la fin, que ie l’auois trouuee au commencement, ie m’apperceu, que cela ne pouuoit proceder que de la couardie, & puſillanimité du ſexe : & de ce, qu’elle voit ſon Royaume, deſpourueu d’vn grand Capitaine, auquel elle puiſ‍ſe fier vne armee, pour en eſperer vn bon ſuccez : Auſsi que le principal de ſes Conſeillers, qui gouuerne le temporel, & le ſpirituel, (cõme l’on dit, en toutes ſes terres) eſ‍t vn vray couard, & recreu, ſentant ſon clerc trop mieux que ſon gendarme : Et neantmoins (ſelon que quelques vns eſ‍timent) pour ſe dreſ‍ſer vn appuy apres la mort de ſa maiſ‍treſ‍ſe, eſ‍t aux gages de deux autres Rois : Voyãt, dis-ie cela, ie m’addreſ‍ſay ſans ſortir hors de l’Angleterre, à d’autres Myllords mieux zelez, par le moyen deſquels, & de l’Eueſque de Londres, auec quelques gentils-hommes, & marchands, du ſceu & conſentemẽt de la Royne, qu’elle preſ‍toit ſous main, & par l’ẽtremiſe du Sieur, Apfter Ciampernon, on amaſ‍ſa, partie par forme d’aumoſne, partie par forme de preſ‍t, dont quelques vns de nos freres de la Rochelle ſe ſont obligez, enuiron quarante mille francs : à l’aide deſquels, le Comte de Montgomery, qui pour lors eſ‍toit en Angleterre refugié, du vouloir & commandement ſecret de la Royne, accompagné du ieune Ciampernon, de l’vn des Morgans , & de pluſieurs au-