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D I A L O G V EI I.

Sur cela, la Royne, & la plus part de ſon Conſeil, ne m’a ſceu que dire, ny oppoſer autre choſe, que la ligue, qu’elle auoit freſchement faite auec Charles de Valois, enuers lequel, quoy qu’elle le recognoiſ‍ſe pour tyran, traiſ‍tre, & meſchant, elle eſ‍toit reſolue de garder ſa foy promiſe. Qu’elle voudroit bien qu’il fuſ‍t mort, & que Dieu en fiſ‍t la vengeance, qu’elle l’en prie de bon cœur : mais, que d’aller contre ſa promeſ‍ſe, qu’elle ne le fera iamais. Surquoy, apres luy auoir repliqué, que telle promeſ‍ſe peut eſ‍tre à bon droit comparee à celle d’Herodes, à Herodias, & autres ſemblables, qui ne meritẽt pas d’eſ‍tre gardees, au detriment de la gloire de Dieu : Qu'il y a des promeſ‍ſes, leſquelles ſont bonnes à leur naiſ‍ſance, mais (comme Ciceron le dit) par traic‍t de temps vienent à eſ‍tre dommageables, & pernicieuſes : comme d’vn preſ‍t, qu’on aura promis faire, à vn qu’on tient eſ‍tre bon citoyen, auquel, ſi d’auenture il ſe rendoit ennemy de la Republique, on n’eſ‍t nullement tenu d’accomplir la promeſ‍ſe : qu’ainſi en eſ‍t il de ſa ligue.
Que ſa Maieſ‍té, a promis foy, & homage dés le Bapteſme, au Dieu viuant, ſouuerain Roy, duquel Charles de Valois eſ‍t ennemy iuré. Que dés lors qu’elle fut introduic‍te en l’Egliſe de Dieu, elle contrac‍ta auec les autres membres de l'Egliſe de quelque region qu’ils ſoyent, ligue, & cõfederatiõ inuiolable : que Dieu la ſõme de ſa foy, & toute raiſon diuine, ciuile, & des gens la diſpenſe de celle qu’elle a donnee au Fidefrage : lequel, comme elle peut cognoiſ‍tre, n’a iamais contrac‍té