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D I A L O G V EI I.

comme ils le ſont, ou doiuent eſ‍tre en vn eſprit, les vns, auec les autres, & tous enſemble auec nous. Ie leur diſcouru de beaucoup de petites choſes, que la concorde a faic‍t croiſ‍tre, & ſurgir : & de beaucoup d’autres bien grandes, que la diſcorde a fait cheoir, & perir. Ie leur dis auſsi là deſ‍ſus l’hiſ‍toire de ce bon vieux Prince, qui ayant vingt & deux enfans, luy vieux, caſ‍ſé, eſ‍tant au lic‍t malade, les ayant fait venir à ſoy, leur commanda de rõpre en ſa preſence, vn fagot de cheneuotes, qu’il auoit fait lier tout expres : mais, comme du plus grand, iuſques au plus petit, ils s’y fuſ‍ſent eſ‍ſayez en vain, luy ſeul, ayant deſlié le fagot, rompit, & fort aiſément, toutes les cheneuotes, vne à vne : leur remonſ‍trant par là, fort dextrement, cõbien l’vnion eſ‍toit puiſ‍ſante, au prix d’vne folle diſcorde. Ie leur dy, que ceſ‍te vnion, & eſ‍troic‍te amitié, & intelligence qui deuſ‍t eſ‍tre entre les Chreſ‍tiens, c’eſ‍t à dire, ce conſentement des choſes humaines, & diuines, conioinc‍t auec vne beneuolence, & charité, eſ‍toit le ſeul lien pour conſeruer & eux, & nous, & toute l’Egliſe de Chriſ‍t eſpandue par tout.
Que les choſes qui aſ‍ſemblent les gens en vn, ſont facilement trouuees entre nous, qui deſirons meſmes choſes, haiſ‍ſons meſmes choſes, & craignons meſmes choſes : que c’eſ‍t ce qui contrac‍te les amitiez parmi les bons, comme auſsi c’eſ‍t la cauſe des fac‍tions & ligues parmy les meſchans.
Pour tout cela pas maille (comme lon dit) &

t’aſ‍ſeure, que, me ſouuenant de la prophetie de

d.iiii.