ſte, qu’il le prioit de ne luy parler point du baſt ,
que c’eſt oit le meſt ier des aſnes, qu’on en trouueroit
bien vn autre, qui vaudroit trop mieux que
Martin : mais, le maiſt re, ne voulant prendre ces
raiſons en payement, ayant attaché le cheual à vn
arbre, & retiré le baſt , & les balles du bourbier,
auec vn regret indicible de la mort du poures Martin,
chargea le tout, à l’aide de quelques paſſ ans,
ſur le dos du ſeigneur Cheual : lequel, ſe rauiſant
bien tard, de la faute qu’il auoit faite, refuſant d’aider
à Martin, regretta tout le reſt e de ſa vie, la
mort du bon poure Baudet.
Lepol. Ie t’aſſ eure, que voila vne fable autant à
propos, que nul autre qu’on euſt peu forger de ce
temps. Hé qu’il fut bien employé à ce vilain, &
cruel cheual, de luy charger le tout deſſ us.
L’hi.Il le confeſſ oit bien luy meſmes, & qu’il en
pouuoit (ce dit la fable) eſchapper à meilleur marché,
s’il eut eſt é bien auiſé, ou ſi la compaſsion de
l’aſne, luy fuſt peu entrer dans le cœur : mais c’eſt oit
trop tard.
Le pol. Il eſt oit du naturel de ceux, qui ſont ſages
apres le coup, il auoit apprins des François, à ne
cognoiſt re point ſa faute, qu’alors que le remede
eſt oit loin.
L’hi. Ainſi donc, cõme ie t’ay dit, pour retourner
à mon propos, ces bõs Princes, & Seigneurs, trouuoyent
ceſt e fable de fort bon gouſt , & recognoiſſoyent
facilement, que c’eſt oit vne pierre, que ie
iettois en leur iardin. ie paſſ ay encore plus outre :
Ie leur dis, tout ce que Daniel auoit auiſé eſt re
bon de faire, pour les vnir & liguer en vn corps,