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D I A L O G V EI I.

Pour concluſion, la punition de ceſ‍te conſpiration ſur la royne d’Eſcoſ‍ſe, ſuppoſe qu’elle ſoit veritablement coulpable, quoy que ſachent dire & alleguer ſes partizans, eſ‍t treſ iuſ‍te, & legitime, par toutes loix diuines, & humaines : vtile, voire treſneceſ‍ſaire, pour le ſalut, & conſeruation de la perſonne de la Royne, & de tout l’eſ‍tat d’Angleterre, & meſmes de ceux, que la Royne a occaſiõ d’aimer le plus. Au contraire, l’impunité, eſ‍t vn vray refus de iuſ‍tice, & de protec‍tion à ſes ſuiets, vn meſpris du ſalut de ſon peuple, & (ce qui eſ‍t plus à regreter) vne deſertion, & contemnement de la conſeruation de l’Egliſe de Dieu, & de ſon pur ſeruice, lequel, comme tu as dic‍t au commencement, y ſeroit de tout point renuerſé, ſi la mort de la royne Elizabeth aduenoit, deuant le ſupplice deu à la royne Marie.
Dieu n’aura faute de moyens pour garantir ſõ peuple eſleu, & amplifier ſon regne : mais malheur au Paſ‍teur, qui aura nourry le loup dans le troupeau : & au laboureur, qui n’a chaſ‍ſé le ſanglier de la vigne du Seigneur. Et comme dit Ezechiel, au 33.chapitre : Celuy qui oit ſonner la trõpette, & ne reçoit point l’aduertiſ‍ſement, ſi l’eſpee vient, & l’occit, ſon ſang eſ‍t ſur luy : & encores apres il adiouſ‍te. La guette qui oyt le ſon de l’ennemy venant, & n’aduertit, ſi l’eſpee vient, & occit vn autre, le ſang de celuy-là eſ‍t ſur luy : Car il eſ‍t mort en ſon peché. Mais il redemandera (dit le Seigneur) ſon ſang de la main de la guette. Il ne faut point dire, ce danger eſ‍t loin de nous, ce ſera

apres la mort de la Royne : Dieu luy face la grace

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