ble au refuſant. L’exemple de la mort de Philippe,
pere d’Alexandre, ſuffira pour tous : Le deſeſpoir
où tous les ſuiets ſe voyent ſans eſperance
de protect ion de leur Roy, les contraint d’aller
cercher leur ſeureté ailleurs.
Or eſt -ce le pire conſeil qu’vn Prince peuſt auoir,
de delaiſſ er en deſeſpoir ſes principaux ſeruiteurs,
& les contraindre d’aller cercher leur
protect ion, ailleurs qu’à ſon Prince naturel.
Si l’on s’amuſe à l’opinion que l’on aura de la
punition qui ſe feroit : C’eſt choſe trop vaine,
que les opinions, & rumeurs des hommes, pour
les mettre deuant le ſalut : Fabius Maximus n’en
eſt oit pas d’auis : Auſsi, quiconque s’arreſt e à cela,
il monſt re n’auoir guere droict e intention.
Ce bon Empereur d’Antonin, aduertiſſ oit les
Proconſuls qui alloyent aux prouinces, de n’affect er
en la iuſt ice, reputation ny de ſeuerité, ny de
clemence : car l’vne , & l’autre affect ion, deſuoyent
du droict ſentier de la iuſt ice.
Ceux qui iugeront ſainement, & ſans paſsion
de ceſt affaire, ne pourrõt eſt imer la royne d’Angleterre
que treſ-iuſt e Princeſſ e, treſ-ſage, &
bien zelee au ſalut de tout ſon peuple, & à la
deffenſe & propagation de la vraye Religion
Chreſt iene.
Ceux qui en iugeront par affect ion, & contre
la raiſon, ne meritent qu’on ſe ſoucie de leur iugement,
ny qu’on diſpute auec eux par raiſon,
veu qu’ils la banniſſ ent de leur iugement, par leur
paſsion particuliere.
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