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D I A L O G V EI I.

de la crainte d’vne guerre externe, à vne conſpiration inteſ‍tine.
 Nous auons dit qu’en affaires d’eſ‍tat, il faut regarder ſi ce qu’on propoſe eſ‍t iuſ‍te, & vtile au public : les autres reſpec‍ts de clemence, de libéralité, de generoſité particuliere, doyuent touſiours ceder à l’vtilité publique : mais il y a encores vn tiers, qui ſurmonte tous autres : C’eſ‍t vne neceſsité publique. Celle-la eſ‍t preferee quelquefois aux loix diuines ceremoniales. Les Machabees qui ne voulurent combatre au iour du Sabbath, demourerent enſeigneurs à leurs ſucceſ‍ſeurs, de faire ceder les ceremonies diuines, à la neceſsité.
Les Romains diſent, que leurs maieurs auoyent ſouuent preferé la neceſsité, à la Religion : Les loix politiques luy cedent. Caton qui en a eſ‍té le plus rude obſeruateur, le perſuada au Senat en la queſ‍tion Catilinaire : aufsi le ſalut du peuple, eſ‍t la ſouueraine Loy d’vn eſ‍tat : car alors, la neceſsité publique fait licite ce qui autrement ne l’eſ‍toit point : A plus forte raiſon ſera-elle preferee à vne douceur, qui n’eſ‍t que volontaire : & à vne clemence, qui traine auec ſoy la ruine de l’eſ‍tat.
Que la neceſsité, & ſalut publique ſoit en ceſ‍t endroit, il eſ‍t aſ‍ſez aiſé à iuger, par ce que deſ‍ſus, où il a eſ‍té monſ‍tré que ceſ‍te conſpiration n’apportoit pas ſeulement changement d’eſ‍tat, mais ruine de Religion.
Il ne reſ‍te donques, que de bien fonder la verité, & certitude du delic‍t : Et auoir intention