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D I A L O G V EI I.

que tous les Rois feroyent en ſemblable cas, & cõme ce duc d’Auſ‍triche fit enuers le roy d’Hongrie duquel tu as parlé. Ie te reſponds que la royne d’Angleterre a ſi bien iuſ‍tifié ſon faic‍t enuers tous les Princes Chreſ‍tiens, & monſ‍tré que tant par les loix & conuenances des deux royaumes d’Angleterre, & d’Eſcoſ‍ſe, que par l’vſage obſerué entre les predeceſ‍ſeurs Rois de l’vn & de l’autre royaume, il luy eſ‍toit loiſible de retenir la royne d’Eſcoſ‍ſe, & luy eſ‍toit impoſsible de la laſcher ſans faire tort aux loix ancienes & à ſon eſ‍tat, qu’il n’eſ‍t beſoin de faire plus grande inſiſ‍tance ſur ce point.
Et meſmes quand bien la royne d’Eſcoſ‍ſe euſ‍t peu pretendre auoir eſ‍té iniuſ‍temẽt faite priſonniere apres auoir faic‍te ceſ‍te conſpiration, lon ne peut dire qu’elle ne le ſoit iuſ‍tement : comme il aduient ſouuent que d’vne bonne cauſe, la pourſuyuant par meſchans moyens l’on la rend mauuaiſe.
Pompee, Caton & le Senat Romain faiſoyent tort à Ceſar de luy refuſer le triomphe ſi iuſ‍tement acquis : toutefois par ce qu’il le pourſuyuoit par conſpirations contre la patrie, il n’y a homme qui n’ait iugé, qu’il auoit fait de ſa bonne cauſe vne mauuaiſe. Si on conſidere toutes les conſpirations qui ſe font à vn eſ‍tat, elles ſont la plus part accompagnees de quelque tort, que l’on a faic‍t à ceux qui vienent iuſques à ceſ‍te extremité & hazardeuſe entreprinſe : mais ne s’enſuit pas pour cela, qu’ils ſoyent innocens & non puniſ‍ſables.


La royne d’Angleterre meſmes ſuffira pour exẽ-

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