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D I A L O G V EI I.

penſant aſ‍ſeurer ſon eſ‍tat elle le met en guerre & en danger : pour le moins le roy d Eſcoſ‍ſe ſon fils, comme nous venons de dire, s’il deuient grand : ne ſeroit pas vrayement fils s’il ne haiſ‍ſoit mortellement l’Angleterre, voyant l’outrage qui aura eſ‍té fait à ſa mere : & quoy qu’il trouue bon d’eſ‍tre Roy aſ‍ſeuré par ce moyen, ſi eſ‍t-ce qu’il fera comme Dauid de celuy qui auoit tué Abſalon ſon fils, ennemy & conſpirateur contre ſa vie & ſon eſ‍tat. Voila donc vne haine entre ces deux Royaumes qui ſont à preſent de bon accord , & vne guerre mortelle preparee à venir.
Ie te laiſ‍ſe à penſer maintenant l’amy, ſi ce ne ſont pas là des raiſons & circonſ‍tãces de tel poids qu’elles peuuent bien emporter à vne iuſ‍te balance, tout ce que tu pourrois dire alencontre pour vouloir comprendre la royne d’Eſcoſ‍ſe en la condemnation que nous tenons tous eſ‍tre treſiuſ‍te, ſur les conſpirateurs contre l’eſ‍tat & la vie d’vn Prince.

Le pol. Tes raiſons ont quelque apparence, pour emporter les paſsionnez au party que tu auois prins à deffendre : Mais elles ne peuuent en rien eſmouuoir vn cerueau bien fait vn iugemẽt cler, & vne conſcience nette, qu’elle ne iuge le plus honeſ‍te, le plus iuſ‍te & vtile eſ‍tre touſiours de mon party. Et qu’il ſoit vray, eſcoute vn peu en ſilence ce que i’en ſcay & ce que ie t’en veux dire.
Le premier poinc‍t que tu as allegué de ce que la royne d’Eſcoſ‍ſe n’eſ‍t iuſ‍ticiable de la royne d’Angleterre, ains eſ‍t egalle en puiſ‍ſance à elle,

ſouueraine en ſa terre comme elle, & que ce ſe-

roit