Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
D I A L O G V EI I.

en vn autre ſucceſ‍ſeur qui ſeroit fils, ne peut arreſ‍ter l’ambition qu’elle a d’empieter le Royaume.
Item elle eſ‍t eſ‍trangere de religion, qui eſ‍t la pire qualité de toutes, d’autant meſmes, qu’elle a (comme i’ay entendu dire, les partis pieça dreſ‍ſez dans le Royaume, tellement qu’il n’y eſcherroit que le coup de l’execution.
La retention donques d’vn tel ſucceſ‍ſeur ne peut eſ‍tre que treſdangereuſe à tout eſ‍tat : Et au contraire l’extermination fort vtile & au grand repos & trãquillité d’iceluy, de ſorte qu’on ne peut douter que ce ne fuſ‍t vn grand bien à ce Royaume de luy oſ‍ter ceſ‍te eſpine du pied, qui ne ceſ‍ſe de le troubler & picquer : Et de s’expoſer au peril, qu’õ peut facilement & par moyens licites euiter, pour apres eſ‍ſayer d’eſ‍tre ſauuez par quelque voye miraculeuſe de Dieu, & aimer pluſ‍toſ‍t demourer touſiours en danger, en retardant ou refuſant iuſ‍tice, que s’aſ‍ſeurer de ſon ſalut auec la iuſ‍tice. Cela s’appelle en bon Frãçois, Tenter Dieu trop vilainement.
L’hi. Tu en parles bien à ton aiſe & ainſi comme tu l’entens : Mais ie me doute bien l’amy que ſi tu tendois vne oreille à l’accuſee & à ſes droits, que pofsible tu pourrois faire vne toute autre concluſion.
Le pol. Ia à Dieu ne plaiſe que ie tende l’oreille à ceſ‍te bonne Dame-là : I’entens qu’elle a trop de moyens pour corrompre les plus parfaits. Mais ſi ſerois-ie bien aiſe d’eſ‍tre en lieu où ſon faic‍t fuſ‍t traité, pour en dire ce qu’il m’en ſemble.

L’hi. Tu en as deſia dic‍t aſ‍ſez pour te garder d’en

eſ‍tre