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D I A L O G V EI I.

gleterre de faire iuſ‍tice, & aſ‍ſeurer ſon eſ‍tat & la Religion en Angleterre, ou refuſant iuſ‍tice, y ruiner l’eſ‍tat & la religion enſemble. Car on ne peut dire qu’apres le decez de la Royne d’Angleterre, les choſes eſ‍tant en l’eſ‍tat qu’elles ſont, il y ayt moyen d’empeſcher que la royne d’Eſcoſ‍ſe ne viene à ſucceder, & par conſequent tout l’eſ‍tat du Royaume à renuerſer, & la Religion à changer : tous ceux qui ne voudront eſ‍tre ſi meſchans que de quitter le ciel pour la terre, & renier leur religion, pour le moins bannis, chaſ‍ſez, eux & leurs enfans miſerables, cõme on a ia veu le pourtraic‍t au regne de la Royne Marie.

L’hi. Cela eſ‍t certain : Et beaucoup de gens de biẽ Anglois, auec leſquſls i’ay deuiſé de ceſ‍t affaire, ne s’attendent pas à mieux Encore dernierement la royne Elizabeth, eſ‍tant tombee malade (craignant que pire luy auint) il y en auoit deſia pluſieurs qui penſoyent à trouſ‍ſer leurs quilles.

Le pol. Ha poures gens ! Et comment eſ‍t-ce qu’vn Parlement (duquel l’authorité eſ‍t ſi grande, comme tu ſcay) ne fait ouuertement reſoudre ceſ‍te Royne en ce faic‍t-cy, en ce fait dy-ie, auquel il n’eſ‍t pas queſ‍tion ſeulemẽt de punir le paſ‍ſé, mais auſsi d’euiter le mal preſent & aduenir. Dieu aura bien puny d’aueuglement, ceux qui ne verront clair en ceſ‍t affaire. Ceux qui ont remis vn pareil forfaic‍t autrefois, l’ont remis à ceux de qui il n’auoyent occaſion de douter ſemblable conſpiration : mais de pardonner à ceux qui retiennent la meſme volonté, & meſmes moyens pour mal

fai-

re,