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D I A L O G V EI I.

en leur puiſ‍ſance, que ce ſoit ce qu’ils deſiroyent. Ainſi dy-ie m’auient-il de te voir maintenãt icy.

Le pol. Ie t’aſ‍ſeure mon grand amy, qu’il m’auient auſsi tout de meſme, en t’y voyant.

L’hiſ‍t. Si n’eſ‍t-ce fable, ny fantoſme, nous voicy tous deux, Dieu merci.

Le pol. Dieu ſoit loué, qui nous a conduits à ſauueté, & nous a faic‍t entrerẽcontrer lors que nous y penſions le moins. S’il te ſemble nous en remercierons enſemble noſ‍tre bon Dieu, de tout noſ‍tre cœur, & puis apres nous entretiendrons l’vn l’autre tout à l’aiſe du ſuccez de nos voyages.

L’hiſ‍t. Nous ne pouuons honeſ‍tement laiſ‍ſer paſ‍ſer ceſ‍te occaſion, de remercier bien humblemẽt noſ‍tre grand Dieu, ſans encourir le vice d’ingratitude, l’vn des plus deſplaiſans à Dieu, & moins ſouffrable entre les hommes. Mais il nous faut tenir la porte cloſe, pour euiter l’inconueniẽt qui nous pourroit ſuruenir, veu le lieu où nous ſommes : où le pur ſeruice & l’inuocation du nom de Dieu (comme en tout le reſ‍te de la Papauté) eſ‍t deffendue.

Le pol. I’eſpere que bien toſ‍t (comme il nous eſ‍t commandé de Dieu, expedient pour nos miſeres & neceſ‍ſaire pour noſ‍tre deuoir) il nous ſera auſsi permis de ſeruir Dieu par tout ouuertement. Apres que ſa Maieſ‍té aura fait iuſ‍tice de la grande Paillarde, qui a corrompu la terre par ſa paillardiſe, & qu’il aura vengé le ſang de ſes ſeruiteurs de la main d’icelle : lors que les Rois de la terre, qui

ont paillardé auec elle, & ont veſcu en delices,

pleure-