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D I A L O G V EI.

haut, il ne me chaut quoy qu’il luy puiſ‍ſe aduenir. Que pleuſ‍t à Dieu quelle ne fuſ‍t iamais venue en France, nous ne ſerions pas és peines où nous ſommes. Mais ie te prie, conſidere vn peu quel argument Ronſard baille à tous François, quand il monſ‍tre l’entrepriſe executee par Bodille, contre le roy Childeric, ſa femme, & ſon enfant, pour auoir eſ‍té ſeulement fouetté. A ton aduis, n’eſ‍t-ce pas autant que s’il diſoit, en argumentãt du moindre au plus grand : Vous tous qui auez eſ‍té en dix mille ſortes plus inhumainemẽt traic‍tez que Bodille, en vos perſonnes, honneurs & biens, de vos femmes & enfans : Vous deſquels les plus proches parens, alliez, amis & voiſins ont eſ‍té meurtris & violez, contre tout droic‍t, contre la foy publique : s’il y a quelque cœur maſle iſ‍ſu de noble race, s’il y a quelque generoſité de reſ‍te entre vous, que ne la monſ‍trez vous à ceſ‍te fois contre ce traiſ‍tre à ſon peuple, & à ſoy deſloyal ? cõtre ce mange-ſuiec‍t, cruel tyran, affamé d’or, n’aimant perſonne ? ce meſchant Roy, en vices endurcy (car voila vne partie des titres qu’il luy baille) Ne voyez-vous pas ſes deportemens, ceux de ſa mere, de ſon frere, de ſes autres conſeillers que ie vien de deſcrire : attendez-vous à voir dauantage de ſignes du ciel ? ou plus de teſmoins en la terre de ſon infame deſloyauté ? comme s’il diſoit, Vous ne ſcauriez. Aſ‍ſeure-toy Alithie, que Ronſard eſ‍t merueilleuſement ſubtil, il ſcait bien pinſer ſans rire.
Ali. Ouy pour le ſeur : Que ie ſeroy’ aiſe que on

entendiſ‍t bien ſon diſcours, pour eſ‍tre eſmeus

H.ii.