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D I A L O G V EI.

Seront aux loups pour carnages ſemez.

& peu apres,

Les Leſ‍trigons, les Cyclopes, qui n’ont
Qu’vn oeil au front, en leur rochers ne ſont
Si cruels qu’elle, à toute peſ‍te nee :
Qui en filant menee ſur menee,
Guerre ſur guerre, & debats ſur debats,
Fera mourir la France par combats :
Mais à la fin ſous les mains de Clotaire
Doit de ſes maux receuoir le ſalaire.


Le pol. Mon Dieu, qu’eſ‍t-ce là ? qui vit iamais deſcrire mieux les choſes deſ‍ſous noms couuerts? He que ces Poetes ſont grands ouuriers ? il y en a mille & mille qui liront cela ſans l’entendre, & ce pendant on n’en ſcauroit dire dauantage en peu de mots.

Ali. Le bon eſ‍t, que Iamyn qui a fait les argumẽs de la Franciade de Ronſard, & qui cognoiſ‍t bien le ſens caché ſous l’eſcorce, & l’intention de l’Auteur l’a eſclarcy en l’argument du 4. liure, quand en parlant de l’erreur Pythagorique, touchant la tranſmigration des ames, il dit que Ronſard ſe ſert expres de ceſ‍te fauſ‍ſe opinion, afin que cela luy ſoit comme vn chemin & argument plus facile, pour faire venir les eſprits des vieux Rois en nouueaux corps : car ſans telle inuention, il euſ‍t fallu ſe monſ‍trer pluſ‍toſ‍t Hiſ‍toriographe, que Poëte.
Le pol. Voila qui va bien. Mais ſi ſeroy’-ie bien marri que la prophetie de Ronſard aduint touchant ceſ‍te poure Princeſ‍ſe la Royne regnante,

qu elle fuſ‍t eſ‍touffee par ſon mari : quant à Brune-

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