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D I A L O G V EI.

En plus de lieux, iamais ne s’eſleuerent
Plus longs cheueux de Cometes aux cieux.
Iamais le vent (eſprit audacieux)
En fracaſ‍ſant & foreſ‍ts & montagnes,
Ne fit tel bruit : le ballay des campagnes,
Les pains couppez, de ſang ſe rougiront,
En plein hyuer les arbres fleuriront :
Et toutefois par ces menaces hautes,
Ce meſchant Roy n’amendera ſes fautes :
Mais tout ſuperbe, en vices endurcy,
Contre le ciel eſleuant le ſourcy
Au cœur bruſlé d’infame paillardiſe
Eſtouffera contre ſa foy promiſe,
En honniſ‍ſant le ſainc‍t lic‍t nuptial,
Sa propre eſpouſe, eſpoux tresdeſloyal,
Ioinc‍te à ſon flanc, le baiſant en ſon lic‍t,
Seure en ſes bras, l’eſtranglera de nuic‍t.
Cruel tyran ! à qui deſ‍ſus la teſ‍te
L’ire de Dieu pend deſia toute preſ‍te.

Puis en parlant de ie ne ſcay quel Clotaire, & de la vengeance qu’il fera de la Royne-mere, qu’il entend ſous le nom de Brunehaut, il adiouſ‍te apres,

Sage guerrier victorieux & fort
Qui pour l’honneur meſpriſera la mort,
De Brunehaut princeſ‍ſe miſerable
Fera punir le vice abominable,
Luy attachant à la queuë d’vn cheual
Bras & cheueux : puis à mont & à val
Par les rochers, par les ronces tiree,
En cent morceaux la rendra deſchiree :
Si qu’en tous lieux ſes membres diffamez,

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