Qui viuent gras des impoſt s & des maux,
Que les Rois font à leurs poures vaſſ aux :
Tant la faueur qui les fautes efface,
Fait que le ſot pour habile homme paſſ e
Quelle fureur ! qu’vn Roy pere commun
Doyue chaſſ er tous les autres pour vn,
Ou deux, ou trois ! & bleſſ er par audace
Vn maſle cœur iſſ u de noble race,
Sans regarder ſi le flateur dit vray !
Ce Childeric doit cognoiſt re à leſſ ay
Le mal qui vient de croire à flaterie,
Perdant d’vn coup & vie & ſeigneurie.
Le pol. A ce que ie voy, vrayement Ronſard triomphe
de dire, & touche de merueilleux poinct s. Ie
n’euſſ e iamais penſé, qu’il euſt oſé mettre ces choſes
ſi clairement en auant du viuant de ce Roy,
quoy qu’il les couche ſous d’autres noms feinct s.
Phil. Or confere ie te prie maintenãt ce que nous
auons veu, auec ce diſcours.
Ali. Certes c’eſt vn piteux eſt at, ie ne ſcay qu’en
dire.
Le pol. Comment eſt -il poſsible que Ronſard ait
publié cela ?
Ali. Il en dit bien d’auantage : Il deſcrit bien encores
plus particulierement ce Roy & ſon règne,
ſous le nom de Chilperic : l’impudicité de
la cour, les meurtres, l’eſt oille nouuelle qui apparoiſt ,
& autres ſignes : l’obſt inatiõ du Roy iuſqu’à
predire qu’il eſt ouffera ſa femme pour eſpouſer
ſa putain.
Le pol. He ie te prie ſi tu te ſouuiens de ce qu’il en
dit, recite-le moy.