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D I A L O G V EI.

Lairra couler quelque temps en longueur :
Puis ſi deſpit, la fureur l’eſpoinçonne,
Que ſans reſpec‍t de ſceptre ou de couronne
Tout allumé de honte & de courroux,
Ce Roy peu ſage occira de cent coups.
Luy de ſon Prince ayant la dextre teinc‍te,
Pres le Roy mort tuera la Royne enceinc‍te
D’vn meſme coup (tant ſon fiel ſera grand)
Perdant le pere, & la mere & l’enfant
Qui ſe cachoit dedans le ventre encore.

Et ſuyuamment adreſ‍ſant ſon langage au plus ieune frere, que lon dit n’auoir rien ſceu de ces deſ‍ſeins ſanguinaires, pour le contenir en office, il dit,

Seigneur Troyen, le Prince ne s’honore
De felonnie, il faut que la fierté
Soit aux lions : aux Rois ſoit la bonté,
Comme mieux nez, & qui ont la nature
Plus pres de Dieu que toute creature.

Et reprenant la deſcription de ce Roy, il adiouſ‍te,

Ce Roy doit eſ‍tre abuſé par flateurs
Peſ‍te des rois, courtizans & menteurs :
Qui des plus grans aſsiegeans les oreilles
Font les diſcrets, & leur content merueilles.

& peu apres,

Le plus ſouuent les Princes s’abeſ‍tiſ‍ſent
De deux ou trois, que mignons ils choiſiſ‍ſent :
Vrais ignorans, qui font les ſuffiſans,
Qui ne ſeroyent entre les artizans
Dignes d’honneur, groſ‍ſes lames ferrees,
Du peuple ſimple à grand tort honorees :

Qui