Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
D I A L O G V EI.

ché à vn pal : & qui tua auſsi (outre de meſme deſpit) Vlcide la Royne enceinte, ſont bien gens pour dõner eſchek-& mat à la maiſon de Valois, s’ils entrent vn coup en furie.

Ali. Tu m’as remis à la mémoire ce que Ronſard en fort bons termes, & ſans en rien diſsimuler, a mis en eſcrit de Bodille dans ſa Franciade, remiſe en lumiere depuis le maſ‍ſacre de Paris, quand en parlant de trois Rois freres, il dit tout à propos.

Trois fait neants, groſ‍ſes maſ‍ſes de terre,
Ny bons en paix, ny bons en temps de guerre,
La maudiſ‍ſon du peuple deſpité :
L’vn pour ſouiller ſon corps d’oiſiueté,
Pour n’aller point au conſeil, ny pour faire
Choſe qui ſoit au Prince neceſ‍ſaire :
Pour ne donner audience à chacun,
Pour n’auoir ſoin de ſoy ny du commun,
Pour ne voir point ny palais ny iuſ‍tices,
Mais pour rouiller ſa vie entre les vices :
Traiſ‍tre à ſon peuple,& à ſoy deſloyal,
Sans plus monter en ſon throne royal.

& peu apres,

De ſes ſuiets comme peſ‍te hay,
A contre cœur des ſeigneurs obey :
Chaud de cholere, & d’ardeur inutile,
Fera fouëtter le Cheualier Bodille
En lieu public, lié contre vn poſ‍teau,
Tout deſchiré de veines & de peau :
Bodille plein d’vn valeureux courage,
Touſiours penſif en ſi vilain outrage,
Ne remaſchant que vengeance en ſon cœur