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D I A L O G V EI.

pluſieurs. Là deſ‍ſus, ie ſcay que le roy d’Eſpagne entre autres Princes voiſins, a de ſi bonnes intelligences en la France : il y a de longue main, de ſi bons ſeruiteurs : ſes ducats de Cattille luy ont tãt acquis de partizans & ſeruiteurs en France, voire meſme au conſeil du Roy (ie ne veux pas dire que le comte de Rets, Lanſac, Moruilliers, Limoges, & Villeroy, en ayent penſion ordinaire, car on les cognoiſ‍t bien : ne que la maiſon de Gonzague ne fut iamais qu’Eſpagnole) Que s’il veut ſeulement employer le prince d’Orenge & le comte Ludouic ſon frere, auec leur credit & leur force (comme il luy ſera bien aiſé de les auoir à commandement, autãt fideles ſeruiteurs qu’ils luy furent onques, en leur laiſ‍ſant & à ſes autres ſuiets la liberté de leur conſcience, & les remettant en leurs biens, priuileges & eſ‍tats) ie m’aſ‍ſeure que non ſeulement ils luy rendroyent tous les pays bas raffermis & paiſibles, mais auſsi en moins d’vn an la France (diſ‍traic‍te & alienee pour le iourd’huy de l’amitié de ſon Roy) toute paiſible & à ſa deuotion.
Et ne faut ia douter que le prince d’Orenge, & ſon frere, ne s’y employaſ‍ſent volontiers, tant pour le tour que le Roy leur a ioué les mettant en beſongne ſur ſa parole, & les laiſ‍ſant apres au dãger, que pour l’enuie qu’ils doyuent auoir de rentrer en grace par quelque bonne occaſion auec leur prince naturel, & pour le bien & honneur qui leur reuiendroit d’vne ſi belle entrepriſe. Quant au roy d’Eſpagne, il a occaſion de ſe les reconcilier,

non ſeulement pour attraper ceſ‍te belle ter-

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