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D I A L O G V EI.

& Rabſaces le prophane pourſuyuent.
Seigneur, nous auons ouy de nos oreilles, nos peres nous ont raconté les œuures que tu as faites en leurs iours en Egypte, aux deſerts, en la terre où tu les auois introduits : comment tu as de ta main dechaſ‍ſé les nations, & abbatu les plus grãs qui empeſchoyent les tiens de iouyr du repos promis.
Ils ne conqueſ‍terent point la terre par leur glaiue, leur bras ne les a point ſauuez : mais ta dextre, ton bras, & la lumière de ta face les deliura, pourtant que tu les auois prins en amour. Il eſ‍t bien vray Seigneur, que par leur deffiance t’ayans irrité grandement, pluſieurs d’entr’eux moururẽt au deſert, voire ton feruiteur Moyſe, que tu leur auois donné pour liberateur : mais tu ne laiſ‍ſas pourtant d’accomplir en leurs enfans par Ioſué, tout ce que tu auois promis à leurs peres par Moyſe.
O Seigneur, nous auons peché, nous t’auons offenſé : tu nous as auſsi deboutez, tu nous as diſ‍ſipez & t’es courroucé amerement, nous mettant comme en vn train de ruine irréparable. Tu as traité ton peuple rudement, & l’as abbreuué de vin d’eſ‍tourdiſ‍ſement : mais depuis, tu as donné vne baniere à ceux qui te craignent, afin de l’eſleuer en haut, pour l’amour de ta vérité. Fay Seigneur, que tes Iſraelites n’eſperent plus au bras de la chair, en leurs armes, ou autre puiſ‍ſance humaine, ains en toy ſeul, Dieu des armees, le fort des forts : ſachant que c’eſ‍t en vain qu’on edifie la

maiſon ſi tu n’y mets la main, & que c’eſ‍t en vain

F.iiii.