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prochain, son impatience amoureuse et aussi le tourment de ses nuits solitaires !

Après des siècles, le trésor de Bayeux s’enrichit de broderies nouvelles. Reprenant la tâche de la reine Mathilde, une artiste d’aujourd’hui poursuit le vivant récit, son aiguille pique et pique la soie neuve sur la vieille toile des ancêtres. Mais ce ne sont plus combats d’hommes d’armes pour la conquête d’outre-mer qu’elle retrace avec orgueil et mélancolie, mais jeux charmants de l’amour ingénu, drames de la vie, songes et terreurs, rêves et enchantements de la Geste enfantine.

De la reine Mathilde nous ne savons rien, si ce n’est que le temps lui durait d’être sans époux !

De la reine Lucie, sa fille spirituelle, nous savons qu’elle est belle, qu’elle est bonne, douce et laborieuse, et prend son plaisir, sous les pommiers en fleurs, à sourire aux enfants, et, comme une mère, à leur tendre les bras.