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Il lui advint à ce propos une folle histoire, qui montre à quel point les femmes qui divaguent attachent de prix aux lauriers de la Muse. Au moment où tout Paris admirait cette œuvre méditée longtemps et peut-être vécue, un cri s’éleva de la mer d’Italie :

— Au voleur ! On m’a pris mon livre ! Une jeune fille jure par le dieu des chrétiens que c’est elle l’auteur de la Maison du Péché, elle forge une histoire, elle invoque sa réputation de poétesse qui s’étend sur le rivage de la Spezzia ; elle s’échauffe, montre aux passants qui viennent de France des lettres louangeuses de nos plus grands écrivains ? Là-bas, un doute plane sur cette maternité de l’œuvre ? On a beau dire aux partisans de la demoiselle qu’ils sont dans l’erreur, qu’une enfant de dix-huit ans n’est versée ni dans la philosophie ni dans l’amour, au point d’écrire un roman si brûlant de passion. Elle ne s’en dédit pas ! Tant de beaux livres