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le monde des lettres c’est l’occasion de m’en faire, car, si j’en crois les journaux, c’est le salon de Mme Aurel qui lance les Jeunes et sauve les Oubliés. On doit rencontrer chez elle tous les grands écrivains, les femmes célèbres, les directeurs de revues et de journaux, sans compter les éditeurs. Maman, qu’en penses-tu ? Ma mère pensa comme moi ; elle ajouta même :

— Une invitation comme celle-là ne tombe pas du ciel. C’est un grand honneur que cette dame te fait là ; assurément elle a lu tes vers et te trouve du talent.

Je me poussai du col et ne doutai plus des intentions que l’on avait sur moi.

— Je pars, j’arrive, continue mon jeune homme, le temps de me faire beau et me voici rue du Printemps. Ah ! si dans ma joie d’être reçu par une femme aussi connue j’avais oublié le numéro de son hôtel, la foule m’eût enseigné le chemin. On faisait queue à sa porte,