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à un banquet littéraire, où se trouvait réunie toute la jeunesse. L’heure des discours arrivée, une dame se leva.

Au même instant, je vis voler par-dessus la table bananes, poires, pommes, croûtons de pain, couverts, assiettes, et au milieu d’un tintamarre affreux j’ouïs des voix qui criaient :

— Au-rel ! Au-rel ! Au-rel !

Je me penchai vers mon voisin.

— Ils chantent, mais ils se trompent d’air !

Et à mon tour, croyant être dans le ton, je fredonnai :


    C’est Aurel, Aurel, Aurel,
    C’est Aurel qu’il nous faut !

— Diable non, répliqua ce convive déchaîné, en brandissant une carafe, nous ne voulons point qu’on nous moralise quand nous sommes en joie, ni qu’on apprenne à nos petites amies qu’il faut philosopher avant de faire un enfant !