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(statistiques officielles) sans compter ceux qu’on ne connaît pas. Les salaires baissent tous les jours dans presque toutes les branches de l’industrie, mais quelques industriels font de grosses fortunes. La natalité diminue dans une proportion constante. L’alcoolisme gagne sans cesse. Les crimes de toutes sortes augmentent et les impôts aussi. La population ouvrière s’atrophie.

Cependant on tente des remèdes. Les parlementaires ont nommé une commission du travail qui a nommé quatre sous-commissions, lesquelles ont rédigé trois mille rapports. — Sur quoi, l’on a déclaré que les grrrandes réformes commenceraient un de ces jours, quand on aurait le temps et qu’on ne serait pas trop absorbé par la dispute des portefeuilles. Les socialistes, eux, ont ouvert des magasins où l’on vend le savon des Trois-Huit, le chocolat des Trois-Huit, etc.

Il y a aussi le conseil général d’Indre-et-Loire qui propose de déporter sans jugement quiconque est assez impertinent pour ne pas avoir de domicile.

Et puis la justice — ou du moins la chose qu’on affuble de ce sobriquet — opère. On a condamné Cyvoct à mort pour un article de journal qu’il n’avait pas écrit. Après réflexion, on se contenta de l’envoyer au bagne perpétuel. Et comme il avait l’audace de demander sa grâce, on la lui refusa vertement. On a condamné Girier-Lorion, malfaiteur de dix-huit ans, à vingt ans de travaux forcés sur une dénonciation reconnue calomnieuse après coup. À Cayenne, à la suite du guet-apens d’octobre 1894 où l’on massacra plusieurs anarchistes déportés, quoique n’ayant nullement pris part à la révolte provoquée par les moutons et les gardiens. Lorion fut condamné à mort. Son avocat demanda sa grâce. On lui fit attendre la réponse huit mois. Pendant ces huit mois Lorion fut enfermé, les fers aux pieds et aux mains dans une étroite cellule sans air et sans