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bole l’Autorité. Celui qui a conscience de soi-même, qui n’a pas peur de raisonner voit l’ordure de l’une et de l’autre.

Quiconque vote se reconnaît incapable de se conduire soi-même. Quiconque obéit, sans répugnance, aux gouvernants qu’il se donna, ressemble à un mouton qui viendrait s’offrir bénévolement au couteau du boucher.

Se résigner, par abnégation, c’est pire encore. Cela ravale l’homme au rang de fakir ou de bétail ahuri. Le comble de l’art gouvernemental consiste à inculquer cette résignation au nom d’un Bon Dieu. De là, l’utilité des prêtres.

Les habitudes métaphysiques ont amené à faire du terme Société une entité antagonique à l’individu. Quiconque veut diriger, gouverner, régir, invoque le salut de la Société pour empêcher la libre expansion des individus — comme si chacun ne pouvait trouver en soi ce qui convient le mieux à son développement. Grâce au dogme Société, les individus ont tellement pris le pli d’obéir qu’ils se laisseraient toujours dépouiller par les Habiles qui leur vantent « l’intérêt général » si des Révoltés ne se levaient pour leur apprendre ceci : « Rien ne doit prévaloir contre la liberté individuelle. »

Que nul ne soit contraint, fût-ce au nom de la majorité, que nul ne contraigne, fût-ce au nom de sa science — voilà la liberté selon la raison.