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Paris, le 5 mars 1895.


Mon cher poète.


Après avoir terminé le pénible voyage que je devais faire à travers l’œuvre de M. de Mazade que je dois louer[1], je me suis payé de ma peine en me promenant à travers l’Archipel en fleurs « où résident le charme et les vieilles merveilles » et de neuves aussi, des musiques, des parfums et des couleurs.

Entendez-vous par vieille merveille l’alexandrin que vous malmenez si vigoureusement dans votre préface et dont vous usez si bien et si fréquemment dans le livre ?...

Assurément l’alexandrin est une merveille puisque, malgré son âge, il est toujours jeune, parce qu’il peut être éternellement rajeuni, s’il est manié par un bon poète.

Vous le prouvez, mon cher Retté, et vos vers sont la meilleure protestation que je puisse invoquer contre vous-même.

Avec tous mes remerciements pour le plaisir que je vous dois, je vous serre cordialement les mains, poète deux fois Alexandrin,

Vôtre :
J. M. de Heredia.


L’attitude de Zola au banquet dont il eut la présidence fut curieuse à observer. Il nous regardait d’un air de défi, comme s’il s’attendait à subir un assaut qu’il lui faudrait toute son énergie pour repousser. Il parlait




  1. Dans son discours de réception à l’Académie.