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— Oh ! extraordinaire ! présentez-le moi.

A cette époque, en effet, les facéties de Lemice-Térieux remplissaient la presse. Souriant et correct, Paul Masson vint à Magnard qui lui fit ses compliments.

— Vous êtes illustre, Monsieur, dit le directeur du Figaro. Quelle nouvelle me donnez-vous ? J’insérerai ce qu’il vous plaira de m’annoncer.

— Soit, dit Lemice-Térieux. Publiez demain que je pose ma candidature à l’Académie.

Surprise de Magnard, mais rapide. Promesse faite, promesse tenue. Le lendemain, le Figaro annonçait la candidature de Lemice-Térieux et, le surlendemain, Paul Masson commençait ses visites par M. Othenin d’Haussonville. »

C’était vraiment un drôle de corps que ce Masson, décédé il y a peu. Froid et méticuleux, il combinait des farces énormes qui révolutionnaient les journaux. Il avait élevé la fausse nouvelle à des hauteurs qu’elle n’avait jamais atteintes. Il publiait en même temps, dans l’Ermitage des Pensées d’un Yoghi dont certaines sont amusantes.

En voici trois : « Les poètes nous ont gâté la nature. Dans le plus beau fruit, maintenant, il y a un ver. »

« Je ne sais pourquoi la foi du charbonnier me paraît toujours un peu intéressée. N’aura-t-il pas à alimenter les feux éternels ? »

« Tout objet précieux gagne à être isolé. Nul repoussoir ne vaut un reposoir.