Page:Retté - Le Symbolisme. Anecdotes et souvenirs.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un long boyau coudé de maçonnerie est rempli d’une humanité exaltée et grouillante. Deux garçons effarés, ahuris, ne savent comment tenir tête à l’avalanche des appels, des revendications ni comment glisser à travers la barricade des chaises et des tables chargées de bocks. Là où quarante personnes seraient à peine à l’aise vous en voyez s’entasser de cent cinquante à deux cents... Tout au bout, une scène minuscule, encadrée de rideaux de bois peint ; quelques coups de pinceau sur le mur du fond offrent la plus simple expression d’une marine casquée d’une lune symbolique. A gauche, un piano rétif. Près de la scène, une estrade où se tient le président Léon Deschamps (une pipe et un sourire) assisté de Maillard et de Louis Miot, ses deux bras droits, remarque spirituellement le futur député Lucien Hubert...

Combien ces réunions sont simples, cordiales, empreintes d’une bonhomie fraternelle et différentes de celles du Chat noir, par exemple, où l’art tourne vite au pufisme et à la parodie ! A La Plume, au contraire, on est chez soi. Partout, dans tous les coins, à toutes les tables, des visages de connaissance, des têtes de camarades venus avec la seule intention d’écouter des vers...

Aurélien Scholl disait de ces soirées : « Il faut voir l’exubérante jeunesse s’épanouir en ces agapes fraternelles. Les bonnes figures ouvertes, les franches poignées de main ! L’envie est inconnue à ces lutteurs ;