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« En agissant comme je l’ai fait, je supporte seul les inconvénients de la situation. Les simples imbéciles — je méprise les gens de mauvaise foi — mécontents du silence dédaigneux qui leur est généreusement accordé chez nous, essaient de faire croire : X... est un raté, puisqu’il n’écrit pas dans sa revue ! Comme si X... n’était pas maître de faire passer sa prose ou ses vers chez lui au lieu de les donner ailleurs !

« Mais, pour moi et pour mes confrères du Mercure, des Entretiens et de l’Ermitage, ameuter les crétins contre soi est la preuve absolue que l’on accomplit sa mission — et tout son devoir ».

Ces lignes résument si bien l’œuvre de Deschamps et expliquent si parfaitement sa droiture et son amour désintéressé de l’art que je ne vois rien à y ajouter. Aussi passerai-je, sans autre commentaire, au rappel des fameuses soirées de La Plume.

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M. Ernest Raynaud, bon poète et ami fidèle de Deschamps, a raconté, dans un article récent, les origines de ces soirées et aussi celles de La Plume. Comme cette étude est fort exacte, j’en citerai quelques passages.

« Ce fut à la fin de l’été de 1889, six mois après la naissance de La Plume, dit M. Raynaud, que Léon Deschamps s’avisa de réunir, chaque samedi soir, les