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Au surplus, dans une lettre ouverte à son lieutenant Léon Maillard qu’il publia dans La Plume à la fin de 1892, il a lui-même indiqué les résultats acquis à cette date et les projets — presque tous réalisés — qu’il formait pour l’avenir. Le mieux, c’est de lui laisser la parole.

« En écrivant cet article qui doit clore le quatrième volume de La Plume et préluder à l’avènement de la cinquième année d’existence de la revue, je n’ai pas, mon bien cher ami, d’autre pensée que celle de te faire juge de ma conduite. Tu connais mon âme autant que j’aime la tienne : nous sommes faits pour nous comprendre.

« Tu sais aussi combien je suis l’ennemi de la pose et quelle sincérité est empreinte en mes paroles. Je ne te rappellerai donc point que cette œuvre-ci est faite de mon sang, de la meilleure partie de ma vie. Pendant deux années, tu le sais, ce fut un labeur effroyable, un casse-cou de tous les jours, un gouffre béant dans lequel coulèrent toutes mes économies avec, pour résultat appréciable, un orage de calomnies qui a laissé de la neige à mes jeunes tempes...

Néanmoins, malgré la tempête, nous sentions tous que le port approchait et que de meilleurs jours allaient paraître : toutes voiles furent déployées... Aujourd’hui le succès a dépassé nos espérances.

« Tu n’ignoras jamais que notre devise : « Pour l’art ! » est notre unique règle de conduite. Me serais-je