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LE SYMBOLISME

viennent encore — quoique réconciliés — ceux qui prirent part, avec le plus d'ardeur, à la bataille.

Voici quelques échos de cette Iliade, tirés des journaux, revues et brochures où les belligérants menaient les hostilités.

Comme il est naturel, les écrivains que les symbolistes attaquaient ne convenaient nullement qu'il fut opportun de substituer des formules nouvelles aux théories qui, étayant leurs œuvres, leur avaient valu des succès. Ils traitaient d'outrecuidance la façon délibérée dont les novateurs les jugeaient et ils raillaient leurs réformes techniques.

Ainsi M. Sully-Prudhomme affirmait qu'il lui était impossible de réciter les vers des symbolistes sans perdre la respiration. — A quoi l'on lui répondait : « C'est parce que vous avez l'haleine trop courte. »

A l'Académie, M. François Coppée se plaignait du « vent chargé de brumes qui soufflait sur la poésie. »

On l'engageait alors à s'emmitoufler d'un cache- nez.

Au lieu de suivre ce conseil, l'auteur du Coup de tampon, dans sa réponse au discours de réception de M. de Heredia, reprochait aux symbolistes de se montrer aussi féroces à l'égard de leurs aînés que les Caraïbes à l'égard de leurs prisonniers de guerre.

Sur quoi les symbolistes se déclaraient tout prêts à