Page:Retté - Arabesques, 1899.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Roi, vénéré par les courtisans pillards de sa domesticité, arrosé d’huile par les évêques, dise : « L’État c’est moi », ou qu’un sanhédrin de chicanous promulgue que : « Nul n’est censé ignorer la loi », le résultat ne change pas : il y a toujours oppression du grand nombre par une bande de voleurs.

Depuis sa victoire, la Bourgeoisie a montré beaucoup d’ingéniosité. Elle a su persuader aux prolétaires qu’ils étaient libres, heureux et tout-puissants. Elle a joué supérieurement la farce du suffrage universel. On sait comment les choses se passent : chaque arrondissement contient quelques malins qui se forment en comité pour envoyer siéger dans cette caverne d’Ali-Baba qu’on appelle la Chambre un notable choisi à cause de sa fortune, de sa voix sonore ou de son habileté à tromper les simples. D’autres malins lui suscitent un ou plusieurs rivaux qu’ils jugent plus aptes à soutenir leurs intérêts. On convoque les électeurs ; on les étourdit d’une grêle de vocables dénués de sens précis ; on leur promet la lune pour après-demain sans faute ; on accuse le concurrent de coucher avec sa mère, avec le curé ou avec le vénérable de la Loge ; on ouvre un compte au Souverain chez le mastroquet ; on sème,