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après, un manifeste par lequel il se plaignait au roi d’Espagne lui-même, de ce qui s’était fait par son ministre, « lui protestant que ceux de Cambrai n’avaient pu, sans se rendre coupable du crime de lèze-majesté envers l’empereur et de félonie envers lui, comme leur prince et leur souverain, donner au Roi catholique d’autres droits et d’autres titres que ceux de protecteur de Cambrai et du Cambresis. »

L’église métropolitaine de Cambrai, qui n’avait pas moins à cœur la conservation de la souveraineté, que l’archevêque même, fit aussi le lendemain, par un acte capitulaire, les mêmes protestations contre les entreprises du comte de Fuentes, et déclara qu’il adhérait au manifeste publié par l’archevêque et se résolut dès-lors de faire tout au monde pour avoir justice de cette usurpation.

Toutes les protestations du clergé furent mises au néant, le Roi d’Espagne garda la souveraineté de Cambrai, et lorsque Louis XIV s’empara de cette ville, les archevêques revendiquèrent inutilement leurs anciens droits ; le Roi se crut duement aulorisé à joindre sa conquête à son royaume. Louis XV rejeta également les réclamations des archevêques, et depuis cette époque Cambrai ne fut plus un éjat particulier.

Si l’on en croit les historiens de cette ville, les habitans ne gagnèrent pas au changement de domination. Voici ce qu’ils disent :

« Louis de Berlaymont ne cessa jusqu’à sa mort de cabaler pour recouvrer la seigneurie de Cambrai ; il était secondé dans la ville par ceux des bourgeois qui redoutaient autant la puissance des Espagnols que celle des Français. Ce différend occasionna la chute du commerce des toiles à Cambrai, et c’était alors la principale ressource du pays. La haine contre les Espagnols s’accrut peu-à-peu à tel point, que l’on