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comportaient comme anges cornus, et pour achever, quatre autres compagnies de hauts bourguignons qui faisaient rage ; aussi l’on n’entendait parler que de larcin, volerie et autres choses semblables.

C’était une chose très pitoyable à voir, l’abattement et la ruine de plus de 600 maisons devant la citadelle pour faire une place d’Armes.

Dieu veuille consoler les pauvres affligés !

Fin du manuscrit du moine de St-Sépulchre.

D’après le récit qu’on vient de lire, on voit que les Cambresiens livrèrent eux-mêmes leur ville aux Espagnols, et que dans le traité qu’ils firent, le nom de l’archevêque n’est pas mentionné. Cependant le siège avait été entrepris et continué d’après les prières de Louis de Berlaymont, il avait fourni un contingent considérable en hommes et en argent, c’était pour recouvrer sa souveraineté qu’il s’était fait aider par les Espagnols et que ses partisans intriguaient dans la ville en sa faveur ; mais la majeure partie des habitans de Cambrai craignait son retour, et préférait un souverain puissant à un prêtre obligé de recourir aux étrangers pour affermir sa domination. Voilà pourquoi les Cambresiens jugèrent à propos de se donner un autre maître, et qu’en offrant au Roi d’Espagne la souveraineté de leur ville, ils usèrent d’un droit naturel que le clergé seul a contesté. En acceptant l’offre des Cambresiens, le Roi d’Espagne n’était point un usurpateur, car l’usurpation est une injustice, un acte de violence, et ce Roi n’avait ni prévu, ni influencé la détermination des Cambresiens, et lorsque Louis XIV s’empara de Cambrai, il se crut bien légitimement possesseur de la souveraineté de la ville et rejeta les réclamations des archevêques, en consacrant le droit du peuple.