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armes c’était pour se mettre en liberté, et pour secouer le joug tyrannique de Balagny, joug qui n’était plus supportable, qu’eux-mêmes étaient témoins des vexations continuelles dont on accablait les bourgeois et qu’ils devaient approuver la résolution que ceux-ci avaient prise. Le sieur Fagnolet parla avec tant d’éloquence et de persuasion que les suisses promirent de ne prendre les armes, nicontreles bourgeois, ni pour Balagny, en conséquence ils levèrent leurs piques droites et se tinrent ainsi en armes jusqu’à onze heures, pendant que les canons placés en batterie tiraient continuellement et empêchaient les français d’approcher.

Balagny s’étant retiré près de la brasserie de l’Arche, on députa vers lui le sieur Fagnolet, qui lui dit en termes polis, mais avec beaucoup de fermeté, que les bourgeois désiraient entrer en accommodement avec sa Majesté Catholique, et que tous ses efforts pour s’y opposer seraient inutiles. Balagny fit plusieurs remontrances, et voyant que son babil ne séduisait pas le sieur Fagnolet, il requit de la patience jusqu’au lendemain, mais on refusa absolument d’acquiescer au moindre retard, car on savait bien qu’il ne cherchait qu’à amuser le peuple, pour s’en jouer après, et le châtier comme il l’entendait. Il ajouta : qu’on ne saurait moins faire que de soutenir un assaut, ne serait-ce que pour l’honneur d’une place aussi forte que celle de Cambrai, et pour le sien et celui du sieur de Vicq, qui passeraient pour des lâches s’ils se rendaient sans combattre, ayant parmi eux un jeune prince, l’un des plus grands de la France, que cet assaut soutenu on aurait une capitulation plus avantageuse pour tout le monde. Tous ces raisonnemens ne persuadèrent aucunement les bourgeois ; ils persistèrent à demander et vouloir un appointement sans attendre