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des suisses, qui murmuraient depuis long-tems parce qu’ils n’étaient pas payés, vint se présenter aux soldats, leur montrant bon nombre de pièces d’or, que l’une de ses favorites portait dans son giron, elle leur en offrit en paiement, mais ils les rejetèrent.

D’autre part les bons bourgeois du quartier de Cantimpré, sous le capitaine Baudon Quelleries, Fiacre Ségard, avec d’autres bourgeois de diverses compagnies, s’étant emparés de la porte Cantimpré, barricadèrent vaillamment le grand pont de pierre, celui de la tour aux Arquets et le pont des Amoureux[1].

Les bourgeois qui étaient sur le marché en firent autant ; ils barricadèrent toutes les avenues et principales rues du marché avec force chariots, bancs, tables, sommiers, et placèrent deux canons pour tirer vers la porte Robert et la place au Bois, comme étant les premières issues par où ils pouvaient être assaillis des Français. Ces préparatifs étant achevés, les bourgeois se crurent en parfaite sûreté.

A la vue de ces défenses exécutées en moins d’une heure, Balagny resta stupéfait, car les barricades ne lui permirent pas d’exécuter le dessein qu’il avait formé, de venir avec sa cavalerie enfoncer les bourgeois, et de les exterminer de concert avec les suisses, qui se trouvaient eux-mêmes entre deux feux.

Le sieur du Fagnolet, pour faire cesser l’inquiétude que donnait cette troupe ennemie au milieu des bourgeois, s’approcha des chefs, leur remontra qu’on ne leur voulait aucun mal, ni à leurs soldats, que si les bourgeois prenaient les

  1. Le pont et la tour des Amoureux étaient situés dans l’emplacement de l’ancien abattoir, près de la porte de Cantimpré.