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ce secours répété par les favoris de Balagny fut si grand, qu’on prétendait voir l’avant-garde française, déjà arrivée à Haucourt ; mais en regardant la contenance des Espagnols, il était facile de se convaincre qu’il n’en était rien, et que la seule prétention de Balagny était d’introduire d’autres gens dans la ville pour s’en prévaloir contre les bourgeois, qu’il craignait extrêmement, et dont la bonne dame de Balagny se vantait publiquement de faire tomber les têtes. Le dimanche 1er octobre au matin, quelques soldats suisses et autres, démolissant une maison près de la porte du Mal, pour en avoir le bois, prirent si peu de précaution, que la maison croula sur eux ; il y en eut six de tués. Il ne se passait aucun jour sans que 3 à 4 hommes fussent tués ou blessés par la batterie de la Neuville, qui faisait des maux infinis.

Le même dimanche au soir, le sieur Leofre, averti que Balagny, par suite des soupçons qu’il avait conçus, voulait lui faire trancher la tête le lendemain matin, et quoique persuadé qu’il n’y avait aucune preuve contre lui, tant il était sûr de la discrétion de ses amis, fit dire à Pipart et à son bailli de Ligny de venir le trouver sur les sept heures au soir, afin de leur communiquer une affaire importante pour leur salut. L’heure assignée étant venue, il leur dit que Balagny voulait faire tomber sa tête, celle de son frère et celles de Jacquet, de Quelleries et de Pipart, et qu’il fallait prendre des moyens de se soustraire au supplice ; ils n’en trouvèrent aucun. On vint leur dire qu’il entrerait pendant la nuit quelques troupes françaises pour réduire les bourgeois et les soumettre à l’obéissance de Balagny. Ils furent tellement saisis de crainte en apprenant cette nouvelle, qu’ils se regardèrent quelques minutes sans pouvoir se dire un mot. Cependant Pipart rompant tout-à-coup le silence prit la parole et dit : qu’il fallait se résoudre