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de vérité dans cette promesse, ni lettres d’assurance de la part du Roi, que cette somme leur serait remise. Balagny n’offrit pas un seul liard du sien et s’excusa en disant qu’il n’avait point d’argent, quoiqu’on était bien assuré du contraire. Le refus des bourgeois était calculé pour faire cesser la circulation de la monnaie de cuivre ; les soldats et les pauvres personnes étaient à toute extrémité, ne trouvant rien à acheter avec cette monnaie, qui était tombée dans un tel mépris qu’on donnait 20 patars pour un patar de bon argent. On ne cessait de prendre au logis des bourgeois le peu de blé qui leur restait, pour fournir aux soldats et aux manouvriers.

Le samedi dernier de septembre, on vit du nouveau. Depuis le mardi jusqu’à ce jour, les Espagnols ne tiraient de leurs canons que 3 ou 4 pièces à la volée, afin de rompre nos défenses et la casemate Robert ; ils tiraient assez lentement, aussi les bourgeois croyaient qu’ils s’amusaient et ne faisaient aucun dégât. Quelle fut donc leur surprise lorsqu’ils s’aperçurent que toute la casemate Robert était ruinée, au point que ceux du camp pouvaient entrer par là dans la ville. Pendant la nuit il y fut remédié, et la brèche réparée avec force gabions et fumier, si bien que ceux de la ville et du camp recommencèrent à se canonner de plus belle : plus de mille coups de canon furent tirés contre la grande plate-forme de la citadelle, de notre côté une double couleuvrine placée entre la porte du Mal et la tour Marassin faisait beaucoup de mal aux assiégeans et à leurs tranchées.

Le même jour on répandit la nouvelle que le Roi de Navarre approchait avec forces battantes pour nous secourir ; on pensa que cette nouvelle était une imposture, afin d’obtenir plus aisément les 1,200 écus demandés. Cependant le bruit de