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conduire à la citadelle une charretée de ses meubles. C’est pourquoi quelques compagnies convinrent de s’attendre en armes sur le marché, et de demander un appointement en tems et heure. Pour effectuer ce projet, Gilles Normand, brasseur de l’Epée, de la compagnie de Nicolas Sart l’aîné qui était en armes dans leur quartier à la tour Caudron, se transporta avec deux ou trois de ses compagnons vers quelques compagnies bourgeoises, et leur fit sentir énergiquemenl qu’il était tems pour sauver nos biens de prendre les armes, et de réunir cinquante hommes de chaque compagnies pour aller au marché demander un appointement. Cette proposition fut écoutée volontiers de plusieurs compagnies et particulièrement des gens de bien, qui applaudirent son discours ; mais étant venu à la compagnie d’Adrien Dollet, qui avait son quartier sur la porte St-Sépulchre, le lieutenant de Dollet, nommé Antoine Lelong, et un autre de la compagnie, accablèrent Normand d’injures, l’appelèrent séditieux, le menacèrent d’avertir le capitaine, ce qu’ils firent aussitôt.

Balagny fut bientôt informé des démarches de Normand ; la peur que le gouverneur inspirait, refroidit la bonne volonté des bourgeois ; ils craignaient que la témérité et l’impatience de Normand ne les exposât à perdre presque tous la vie, car la femme de Balagny, d’un naturel extrêmement sanguinaire, était d’avis de faire exécuter tous ceux qui avaient écouté Normand.

Balagny fut plus prudent : ayant entendu la remontrance faite par Normand et l’assentiment des bourgeois, il fit une ronde autour du rempart, et alla lui-même rassurer tous les habitans sur la crainte qu’ils avaient d’un assaut, il ajouta que sa femme et ses enfans étaient en ville, et nia qu’aucun bourgeois ni autres se fussent retirés dans la