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Robert ; avec huit autres pièces, ils battirent la tour des Sottes[1] qui joignait le boulevard et la rompirent plus d’à moitié ; par les mêmes moyens ils battirent toutes les défenses de Robert avec des canons qui étaient à la Justice et au Chauffour. La batterie de la Neuville qui ne cessait de tirer au long des remparts de Selles et du Mal, faisait plus de mal que toutes les autres, aussi aucun homme n’était assez hardi pour oser se montrer sur le rempart. L’ennemi continua de tirer de toutes ses batteries avec une telle furie, qu’à 5 heures du soir il semblait que toute la ville était pulvérisée. La porte du Mal fut rompue en partie, quoiqu’elle eut été réparée de nouveau. Cependant on ne fit pas une brèche assez importante pour en venir à l’assaut. Le plus grand dommage fut fait aux casemates Robert, en partie rompues, et dans lesquelles le canon resta enseveli, personne n’osant aller le retirer. Quelques soldats cambresiens y furent tués.

En ces entrefaites, sur les neuf heures du matin, le bruit courut que les plus riches de la ville se sauvaient avec leurs meubles et objets précieux dans la citadelle, qu’à deux heures après-dîner l’ennemi devait donner l’assaut, et que la ville serait indubitablement emportée. De plus, on ajoutait que le Sr de Vicq avait dit aux bourgeois que s’ils s’attendaient à leur gouverneur, ils auraient tous la gorge coupée, ce qui étonna fort lesdits bourgeois et ceux qui l’entendirent. Le soupçon se changea en certitude, lorsqu’on vit une partie des compagnies bourgeoises prendre les armes de leur propre mouvement, sans qu’aucun capitaine ou lieutenant fussent avec eux, et que M. de Seigni, lieutenant de Balagny, avait fait

  1. Elle était située au bout de la rue qui porte encore ce nom.