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et les punitions qu’on infligeait aux réfractaires. Ni soldats, ni pauvres gens ne pouvaient avoir à boire, ni à manger. Toutes les boutiques étaient fermées ; d’un autre côté, on prenait dans les maisons des bourgeois et des gens de moyen, de fait et de force, le blé qu’ils avaient pour leur provision ; on le donnait à quelques boulangers, qui le convertissaient en pain, pour être distribué aux soldats et pauvres gens, moyennant la monnaie de cuivre, et les boulangers payaient le blé de cette même monnaie, qui était en dédain et mépris parce qu’on n’avait aucun espoir d’en être remboursé d’une manière quelconque, comme il était arrivé de la monnaie forgée pendant le premier siège en 1580.

La nuit du mardi arriva un des porte-manteaux du roi de France, avec une lettre écrite de Lyon par ce monarque, qui promettait de venir nous secourir, mais le tout était estimé à risée et moquerie.

Le mercredi, avec trois batteries que les Espagnols avaient placées : 1o à la Justice, 2o près de la porte du Mal, 3o au Chauffour Bourbon, à l’endroit de la rue des Bouchers, chacune de quatre canons, ils commencèrent à battre les défenses qui étaient sur le boulevard Robert, et celle qui tirait vers la porte du Mal ; ils en rompirent une partie.

Le jeudi on fut contraint de retirer les canons des défenses, quoique sur le boulevard Robert les embrasures des batteries furent seules rompues.

Ce même jour, tout le camp se mit en armes et en bataille ; on disait dans la ville qu’il se préparait à bien recevoir le secours que nous attendions. La batterie de la Neuville continuait toujours à balayer les remparts ; pour se défendre de cette batterie, on établit une grande et belle plateforme à l’endroit de la tour de Mars, afin de préserver