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Le dimanche 17, sur les 4 à 5 heures du soir, 20 chevaux sortirent de ville pour aller assaillir un petit fort hors de la porte St-Sépulchre, sur la route de Marcoing, qui était gardé par de l’infanterie. Cette petite troupe se défendit si bien et soutint l’attaque si vaillamment, qu’on eut le tems de venir à son secours. Deux escadrons de cavalerie ennemie venant l’un du côté de Proville et l’autre de Niergnies, en tout 60 chevaux, attaquèrent si impétueusement les français, qu’ils furent contraints de se sauver au grand galop. En ce combat fut tué le Sr de Planoie, gentilhomme français, fort regretté pour ses grandes vertus. Il fut enterré par les espagnols à Niergnies, ayant été reconnu par un de ses compagnons de la suite de M. d’Aumale. Si de ce côté les Français furent repoussés, ils attaquèrent les tranchées de l’ennemi d’un autre côté et firent mordre la poussière à ceux qui les défendaient. On rapporte qu’il y eut plus de quarante hommes tués ; les Cambresiens ne perdirent que deux hommes.

Pendant la nuit du mardi, les Espagnols mirent cinq pièces de canon un peu derrière l’église de la Neuville, dont ils nous saluèrent au point du jour, tirant tout le long du rempart de Selles, jusqu’à ceux du Mal et de Robert. On n’osait plus se trouver sur le rempart ni au retranchement qu’on élevait, car ledit jour et la nuit suivante, plus de douze personnes furent tuées, entr’autres deux jeunes fils de bourgeois, l’un de Chrétien Molet, l’autre de Nicolas Masselot, qui travaillaient à couronner ; ils eurent le ventre et les entrailles emportés ; Masselot eut le tems de joindre ses mains et de dire : Je suis mort.

Tous les jours les désordres et les calamités s’augmentaient dans la ville à cause de la monnaie de cuivre que chacun faisait difficulté de recevoir, malgré le commandement qu’en avait fait le magistrat