Page:Retour de la domination espagnole à Cambrai – Siège de 1595 par le Comte de Fuentes.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certain que ce fut plutôt par vindication que par nécessité ; le tout fut abattu le lundi, au grand regret des bourgeois.

Le même jour 11 septembre, on essaya d’attaquer l’espagnol dans la tranchée ; on tira de la ville et du camp quelques coups d’arquebuse les uns sur les autres qui n’eurent aucun résultat, excepté un homme blessé à mort par Balagny, qui avait jeté quelques grenades.

Le mardi on tira des coups de crochets de dessus le clocher de St-Géry, et un coup de dessus la voûte du chœur de cette église ; il fut à l’instant contre-tiré quatre coups de canon contre ledit clocher ; on continua les jours suivans, de sorte que le clocher fut en partie rompu, ce qui fut un grand dommage, car c’était une des plus belles pièces du pays. Le chœur de cette église ne fut pas non plus épargné ; c’était une grande désolation dans la ville de voir les maisons petrifiées, rompues et brisées ; entr’aulres St-Jacques-au-Bois, l’hôpital St-Jean et tout ce quartier, depuis la Madeleine jusqu’aux portes Robert, du Mal et de Selles, par les coups de canon qui se tiraient sans relâche du camp en ville. Il est vrai qu’il n’y avait guère de personnes tuées ni de blessées, mais cela donnait une terrible épouvante, et tous les jours les Espagnols approchaient de plus en plus des fossés ; ils faisaient continuellement de nouvelles batteries, tantôt de trois, tantôt de cinq canons, selon que l’occurence se présentait, pour tâcher de rompre nos défenses.

Ce même mardi après-dîner, on prit la résolution de faire un retranchement en forme de demi- lune, et de nouveaux remparts en dedans de la ville, depuis la porte Robert jusqu’à la porte du Mal, ce qui nécessita d’abattre beaucoup de maisons, particulièrement à l’endroit de la rue des Bouchers ; on y démolit 40 maisons et plusieurs