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battre. D’autres disent que le Sr de Vicq et sa troupe ne furent aperçus que lorsqu’ils étaient à la portelette de Cantimpré, et qu’alors ils furent chargés par ceux du camp, mais trop tard ; toutefois ils perdirent plus de 180 chevaux et leurs bagages, quelques-uns furent tués et blessés[1]. Pour cette arrivée on sonna et l’on chanta le Te Deum, comme si c’eût été un secours de 20,000 hommes, et tout le jour la dame de Balagny se répandit en injures, menaçant du doigt et de la main, disant qu’elle châtierait bien les bourgeois et qu’elle leur ferait tenir un autre langage. Les soldats français en disaient autant depuis que leur secours était venu. Cependant la dame de Balagny n’avait pas besoiu de se plaindre des bourgeois, car ils lui avaient obéi en tout ce qu’elle avait désiré.

Le samedi on avait commencé à démolir l’ancien corps de logis du palais archiépiscopal, par le commandement de Balagny, sous prétexte d’avoir du bois pour son logis et pour les fortifications de la ville et de la citadelle, mais il est

  1. Voici comment les Espagnols racontent ce fait : Le Sr de Vicq, homme d’une grande expérience pour la défense d’une place, arriva à Cambrai le 10 septembre, vers trois heures du matin, après avoir adroitement évité toutes les embuscades que Landriano avait posées sur les chemins du côté de France. Il entra dans la ville sans faire presque aucune perte, parce qu’il eut la présence d’esprit de faire mettre pied à terre à ses troupes, lorsqu’il se sentit poursuivi d’un gros de cavalerie italienne. Les chevaux qu’il abandonna au pillage brouillèrent tellement les rangs de ceux qui allaient l’attaquer, qu’il eut le tems de se mettre à la portée du canon de la ville, sans essuyer d’autre feu que celui des forts qui se trouvèrent sur son passage.
    (Hist. de Louis de Berlaymont, Mss. inédit.)