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se mettant en embuscade au chemin profond qui va à Tilloy, audessus de l’église de la Neuville, et envoyèrent environ vingt chevaux battre l’estrade vers les sentinelles espagnoles qui étaient sur le haut de Tilloy, lesquelles furent chassées jusqu’au pont d’Aire, d’où elles retournèrent renforcées de trente chevaux, et poursuivirent les nôtres jusqu’au-dessus du marais de la Neuville ; ce que voyant, les Français qui étaient en embuscade, sortirent et donnèrent sur les Espagnols, qui s’enfuirent de rechef vers le pont d’Aire et furent aussitôt secondés d’environ 200 chevaux qui poursuivirent les nôtres de telle façon, qu’ils se retirèrent au lieu de leur embuscade, où ils croyaient être bien en sûreté, parce que cet endroit était assez étroit, et d’un côté et d’autre tellement élevé qu’on ne pouvait les prendre qu’en flanc : toutefois les Espagnols les assaillirent et forcèrent leur retraite ; ils furent obligés de se sauver au grand galop jusqu’à la porte de Selles, non sans perte d’hommes et de chevaux. L’écuyer du duc de Rhetelois fut rapporté à Cambrai blessé à mort, il ne survécut que deux jours.

Pendant cette escarmouche, ceux du camp tirèrent trois coups de canon après le tocsin du clocher de St-Géry, au troisième coup il fut emporté et tomba sur le guetteur, qui fut fort foulé sans autre mal ; ils tirèrent ensuite sur les soldats qui étaient au château de Selles, mais ne firent aucun dommage. Cependant deux coups traversèrent la grange dudit château ; un autre coup tiré le même jour, atteignit le torillon du pont-levis du milieu de la citadelle, du côté de la ville.

Pendant la nuit du 1er au 2 septembre, les ennemis firent jouer force haut-bois du côté d’Escaudœuvres, et force trompette en signe d’allégresse, et tirèrent un coup de canon. Balagny entendant ce bruit, en fit faire autant par les musiciens de la garnison.