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terais encore aujourd’hui à cette position, que j’ai négligée pour vous, si vous me donniez lieu de chercher à vous rendre fière de moi. Vous vous plaignez de quelques heures que je vous ai fait perdre !

. . . Mais mon amour m’a fait perdre des années, 

et le plus terrible encore, c’est que je ne puis rien sans vous. . . Que m’importela renommée, tant qu’elle ne prendra pas vos traits pour me couronner ? jusque-là, il y aura une gloire dans laquelle la mienne s’absorbera toujours, la vôtre (i) ». Et de fait il fonde avec quelques amis une revue Le Monde dramatique pour y célébrer le talent de Jenny Colon. Ensuite, quand celle-ci passa des Variétés à l’Opéra-Gomique, de comédienne se faisant cantatrice, Gérard de Nerval songea à écrire pour elle un opéra qui devait avoir pour titre La Reine de Saba et pour la partition duquel il voulait un grand musicien ; il frappa tour à tour à la porte de Monpou, de Berlioz (2) et, enfin, de Meyerbeer, qui lui promit sa (1) Victorien Sardou. a La mort de Gérard de Nerval. Lettres à Jenny Colon » (extrait de la Nouvelle Revue, l5 octobre 190a. Auxerre-Lauuier, 190a, p. 17).

(a) Cf. Arsène Houssaye. « Gérard de Nerval, souvenirs d’antan ». Le Livre, i883, p. 44.