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oiseaux se taisaient en entendant ces chants et l’auraient certainement suivie à travers les airs (i). » Ce n’est pas pendant ces quelques années seulement qu’il fut épris, mais malheureusement, pendant toute sa pauvre vie. Lorsqu’il vit Jenny Colon et qu’il se prit à l’aimer l’image de sa pensée adorée se confondit en lui avec la réalité. On n’a jamais vu un amour semblable à celai de Gérard ; pendant de longs mois, toujours timide, il se contentait de contempler cette actrice de loin assis dans son fauteuil d’orchestre. Plus tard seulement, des amis le présentèrent et, quoique reçu dès l’abord avec beaucoup de complaisance, il ne fut amais aimé ; mais, jamais femme ne fut autant aimée que cette femme qui se moquait de lui, qui le trompait et finit par se marier avec un flûtiste. Je ne connais rien de plus touchant que les lettres que Gérard de Nerval lui adressa, si pleines de renoncement à soi-même et d’attachement absolu. Permettez-moi d’en citer quelques phrases : « Ah ! j’ai été l’une des célébrités parisiennes et je remon- (i) Petits Châteaux de Bohême, « Œuvres complètes » de Gérard de Nerval. Calmann-Lévy, 1881, t. V, pp. 372-373.