Page:Retinger - Le Conte fantastique dans le romantisme français, 1909.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

-84-

Mérimée est un homme froid et calme, qui n’éprouve aucune passion, si ce n’est justement la volonté obsédante de paraître toujours sans passion. Il repousse l’inspiration, et tout chez lui n’est que raisonnement. Il croit qu’avec le raisonnement on peut arriver à tout — et cette théorie lui réussit. Il n’a jamais l’obsession du style ou du sujet, il réfléchit froidement et décide avec calme. « Mérimée choisit des types francs, forts, originaux, sortes de médailles d’un haut relief et d’un métal dur, avec un cadre et des événements appropriés... Chacun dans sa petite taille est un document sur la nature humaine, un document complet et de longue portée, qu’un philosophe, un moraliste, peut relire tous les ans sans l’épuiser. Plusieurs dissertations sur l’instinct primitif et sauvage, des traités savants, comme celui de Schoppenhauer sur la métaphysique de l’amour et de la mort, ne valent pas les cent pages de Carmen. Le Cierge d’Arsène Guillot résume beaucoup de volumes sur la religion du peuple et sur les vrais sentiments des courtisanes (i). » Et cesqualités rassortent jus- (i)Taine : « Etude sur Mérimée » en tète de Les Lettres à une Inconnue, Ce édit., Paris, Michel Lévy, 1^7’i.pp. a- et 28.